vendredi 15 mars 2024

Truman Capote (à lire Capoti)

Avez-vous déjà lu Truman Capote ? Je suis complètement obsédée par le type en ce moment, l'idée même du type ou de sa légende, sa méchanceté mêlée à sa générosité. J'ai écouté des tonnes de podcast qui apportent des tonnes de nuances. J'adore quand un personnage s'étoffe et devient humain, c'est à dire complexe. Personne n'est qu'une seule chose. Cela m'a toujours énervée qu'on dise "toi tu es... (mettre n'importe lequel qualificatif dans ce trou)". Comme si les gens n'étaient capable que d'un seul sentiment tous les jours, toutes les saisons, avec tout le monde. N'importe quoi ! On peut être calme et excitée, bavarde et silencieuse, avoir besoin du groupe et solitaire, gentille et méchante, tolérante et terriblement réac sur quelque chose qui nous dépasse. La vie est longue. L'écrivain américain avait l'air à la fois futile et grave, capable des pires crasses comme d'un grand dévouement et d'une certaine loyauté, certains le trouvaient moche, d'autres disaient qu'il avait une gueule d'ange. Lire Breakfast at Tiffany puis De sang froid, c'est participer à deux expériences diamétralement différentes, c'est saisissant. Je vous dis ça parce que j'ai écrit pour The Good Life sur les 10 livres à lire pour essayer de s'approcher un peu plus du mythe. Et si j'ai eu cette idée c'est parce que j'ai regardé la série Feud : Capote vs the Swans, dont je parle aussi dans l'article. 




C'est une série de Ryan Murphy, que j'adore, passionné du vieux Hollywood, où les vedettes étaient des stars, où la haute société sortait avec un brushing, où le monde était bien différent. Lui aime par dessus tout replacer les minorités dans ces histoires qui l'ont tant fait rêver, en même temps qu'elles l'excluaient. Bref, la série sur Truman est une série, indéniablement, sur l'amitié, sur l'amitié entre les femmes et les gays, sur la haute société new-yorkaise évidemment, sa solitude et son vide, et, enfin, sur Truman Capote. Je viens de finir la série. Je ne savais pas quoi écrire ici mais j'ai promis à Chloé que j'écrirai quelque chose "avant le WE". Après tout, c'est ce que je m'étais (à moi et à vous) promis : écrire n'importe quoi pourvu que j'ai des choses à en dire. La série est un joyau. Les plans, les scènes, la mise en scène et la véracité historique, comme souvent lorsque la série s'appuie sur un roman existant, le taffe de recherches a été fait en amont et le résultat n'en est que plus véridique. Il faut savoir quelque chose sur moi qui peut être éreintant : j'adore les biopics et les films "de faits réels". Le problème est que je vérifie tout, dans les moindres détails. Regarder The Crown avec moi peut être éprouvant. Je suis même allée regarder des vidéos de Tony Blair durant son speech au Women's Institute (pour les gens qui ont la ref'). Bref. La vérité compte. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi un cinéaste qui veut raconter l'histoire de quelqu'un ou relater un fait historique aurait envie de prendre ses aises avec les faits. Plus je vieillis moins je suis détente là-dessus... Pourquoi me faire croire pendant deux heures que je regarde Napoléon si rien n'est vrai ? Invente donc ton personnage ! Celui-ci est déjà pris. N'est-ce pas merveilleux de transcender sa créativité en donnant la "bonne" version. Je ne parle pas des faits subjectifs qu'un réal voudrait traduire, mettre à sa sauce ou deviner. Je parle de mentir ! Après cinq lignes, je pense que vous avez saisi mon propos. Et bien, après vérification, la série de Ryan Murphy est une mine d'informations précises et vérifiées, relatées sans le moindre défaut. Evidemment, personne ne peut savoir si Truman Capote s'est vraiment allongé sur la tombe de Babe Paley en frappant trois froid sur le marbre froid "Knock knock knock, tu me laisses entrer ?" dit-il de sa voix archi désagréable mais finalement fluette et si sensible. Evidemment je ne peux pas vérifier si les Cygnes de la Cinquième avenue ont vraiment dit ça à table, ou si Truman, dans une scène que j'ai re-regardé trois fois, a vraiment mangé du cygne avec délectation, mais, enfin, les faits et dates et âges des protagonistes sont respectés. 

Il faut regarder la série pour se délecter de l'épisode du Bal en noir et blanc donné en l'honneur de la directrice du Washington Post au Plaza en 1966 par Truman Capote. A l'époque, il gagne enfin sa vie, a déménagé, ça roule quoi ! Et il décide d'organiser la fête du siècle avec 16 000 $, du mauvais champagne et du hachis de poulet servis aux Rockfeller et autres Kennedy à minuit. Ce qui me donne envie d'écrire aussi sur le nec plus ultra du snobisme aka s'accaparer les codes des milieux populaires, mais restons pour aujourd'hui sur notre sujet. Evidemment (troisième utilisation du terme, diantre, pardon ! Je ne vous mérite pas) c'est un carton, tout le monde adore, tout le monde s'amuse, tout le monde se lâche sous son masque et sa robe à paillettes (voir celle, sublime, de Lee Radziwill). Quand j'ai poussé la vérification de l'histoire, je n'ai pas trouvé la vidéo des cinéastes qui sont sur place pour filmer la soirée (comme on le voit dans la série). La vidéo existe pourtant. Elle fut un temps sur Mubi. Mais je ne l'ai pas retrouvée. J'aimerais faire une thèse et passer un an à lire des choses, zoner à la bibli et rendre 100 pages sur "Le monstre de la littérature américaine Truman Capote était-il un sale type ?". Je crois que je vais rester longtemps avec ce sale type, je viens de rouvrir, ce matin dans le métro, "De sang froid" et son écriture acérée. Ce n'est pas ce que je fais ici. Et je parlais encore par texto il y a seulement quelques minutes avec mon amie Eloïse de l'utilisation abusive des superlatifs. Dans son illustre roman (qui invente peu ou prou le roman de non-fiction) Truman Capote souhaite "sous-écrire", devenir "invisible". Et dans chaque phrase n'y mettre qu'une seul intention, un fait. Rien de plus. 

jeudi 8 février 2024

La passion des intérieurs d'antan

 

Chez Marie-Laure et Charles de Noailles Place des États-Unis, Paris, le Grand Salon de Jean Michel Frank avec un portrait de Christian Berard au dessus de la cheminée ainsi qu’un tableau de Salvador Dali à gauche. Photo Anthony Dennis pour Vogue, Septembre 1950



Nelson Rockefeller demanda au designer le plus avant-gardiste de l’époque, Jean-Michel Frank, de décorer un étage de son triplex récemment rénové au 810 Fifth Avenue à New-York.
Photos, letters and plan: Courtesy of the Rockefeller Archive Center

Le tapis de Christian Bérard en question

Huis Billiet, architect Huib Hoste, Bruges, Belgium, 1927. Photo Adam Štěch, 2023

Design by David Hicks

Chez Jacques Prevert, cheminée console signée Jacques Couëlle photo Matthieu Salvaing

Architects Patrizio Paris & Patricia Pietrogrande home in Rome, 1983 
Photo by Carla De Benedetti



Atelier Perriand, Montparnasse, 1938.

Andre Arbus - children’s room with gymnastics loft 1937

A bedroom in the home of Cy Twombly at Bassano, in Teverina. 
Cabana Issue 17 - Photo by: Francois Halard
celui n'est pas un intérieur d'antan mais il en a tout le charme n'est-ce pas ?

Paris apartment designed by Francois Catroux in the mid 70’s

Par Francois Catroux 1970
Source: Maison et Jardin, May 1971

Petite obsession Catroux - François ou Betty je prends les deux.

Karl Lagerfeld’s bathroom in Roma.
Seen here is a wood-paneled bathroom with a spiral staircase that leads to a bedroom above; it is from one of Lagerfeld’s apartments in Rome, where he and designer Andree Putman once mixed her objects with Fortuny fabric and furniture from the Wiener Werkstätte.

Madeleine Castaing’s private ‘Jardin d’hiver’ at 30 rue Jacob, Paris. Photographed by Derry Moore.

The Paris studio of the artist Line Vautrin, 1955 

Salon de Musique at YSL and Pierre Bergé's 55 Rue de Babylone apartment, enveloped in fifteen mirrors by Claude Lalanne

Max Clendinning







En préparant une interview il y a des mois, j'ai écouté ce podcast de Cast Podcast avec Olivier Leone en invité. Olivier est un DA (connu notamment pour sa campagne Nodaleto), ce qui dans mes oreilles veut absolument tout et rien dire. Il a pourtant réussi à le définir comme jamais auparavant je ne l'avais compris. Donc déjà merci Olivier, j'entends désormais différemment le terme "directeur artistique" (mais je vous vois graphistes de tous bords utiliser le terme à tout va).
Non, je ne vous parle pas de ça à la suite de ces images gratuitement. Il y a un moment précis dans ce podcast où il revient sur la fameuse "inspiration" - non je ne vais pas divaguer sur la subtilité entre inspiration et gros copitage. Gardons cela pour un autre post -. Comment à son poste et à son niveau, il faut avaler de l'images à gogo, connaître ses références, savoir quel est tel.le ou tel.le photographe, quel était son assistant, connaître l'assistant son histoire et peut-être le retrouver car il sera lui aussi devenu un photographe et, enfin, écumer les librairies, lire des livres, des livres rares. Décidément tout est toujours à propos d'Instagram mais il en parle également pour dire... Qu'il ne regarde rien. Je ne sais pas si c'est vrai ou pas. Et ce n'est pas la question. L'idée est de dire que tout ce que tu vois sur Insta, tout le monde le voit, donc c'est déjà une photo poncée (archi vue, donc susceptible dans son esthétique, sa forme ou son approche, d'être copiée et répétée). J'aime son idée de dire "sortez d'Insta" (décidément...) parce qu'à force de croire que tout s'y trouve on rate un nombre incommensurable de choses. Son propos m'est resté en tête jusqu'à aujourd'hui, et je crois qu'il m'accompagnera souvent. J'y pense quasi chaque semaine. Cela m'a même fait pousser la porte de boutiques dédiées aux livres anciens pour la première fois de ma vie. Quand j'interviewe des archi ou décorateurs, je vois à quel point les vieux magazines ou les vieux livres sont importants, ils apportent un autre regard, bouleverse les codes parfois un peu trop bien établi par l'autorité suprême du Bon Goût Bien Lisse. Bon, c'est du snobisme pur et dur, c'est clair... Mais c'est toujours une bonne chose de rappeler aux gens de mettre un pied dans une bibliothèque, une librairie ou devant un bouquiniste, non ?

Et comme je me fais la promesse de dire tout et son contraire dans chaque billet de blog, et d'écrire tout ce que je pense à la minute où je le pense sans jamais y réfléchir avant, sachez que toutes les photos de ce post viennent d'Instagram. Merci, bonne journée.



mercredi 7 février 2024

Je tente, je n'ai rien à dire mais voilà...

 Je lis partout que le blog est de retour. Bon ok, je l'ai surtout lu dans une seule Newsletter -mais je l'aime fort donc ça compte fort. Je demande tout de même à voir. En attendant j'écris. Tous les ans tu vas me dire, ça va pas me tuer. Essayons plus souvent. Je note mes idées croyez-moi, et ce n'est pas faute d'en avoir. Dans mon portable, application Notes, on trouve pêle-mêle, idée sur la rupture amicale / idée de piges à droite à gauche pour le jour où je prendrais mon courage à deux mains pour envoyer un email / questions sur Truman Capote, le roman vérité, sa série, ses articles / une ode aux sanctuaires / focus sur les archives / les livres rares / hypothèse sur les albums remplis de "sons tests" qui m'agacent / l'envie de parler bouffe. 



J'ai regardé le documentaire sur Sylvester Stallone sur Netflix, où devrais-je dire l'hommage de Sly à Sly. J'ai d'abord été frappé par la créativité du type qu'on a fini par résumé par un tas de muscles et par sa soif d'écriture. Je ne savais même pas qu'il avait écrit tous les Rocky, tu savais ? Alors, happée par les clichés qu'il s'appliquait à démonter (et aussi par la présence de Tarantino qui rendait le truc crédible), j'ai tout regardé. Il a quelques fulgurances à la Jean Claude Van Damme qui te font lever les yeux au ciel et rendent le propos très américain mais son rapport aux scripts, selon moi évidemment, est intéressant. Je ne me souviens pas parfaitement de sa formule mais il dit, en résumé, qu'il faut écrire, sans se préoccuper du bon ou du moins bon, écrire, écrire, écrire, et à la fin 90% sera sans doute à jeter mais il y aura un début, un milieu et une fin et c'est tout ce qui compte. Il a un rapport décomplexé à la chose, et, je dois bien le dire, de forcené  de travail, ce qui aide. En regardant le documentaire on dirait que l'acteur a passé sa vie a gribouillé des carnets pour vouloir raconter sa vie, la sauver et ainsi dire, la transformer en lui donnant une happy end. Je vais pas vous mentir, j'applique ici la même technique que le bon vieux Sly sauf que je n'enlèverai même pas les 90% à la fin... 

Tiens, ça me fait penser à mon rapport à Instagram qui a énormément changé ces temps-ci. "Ces temps-ci", c'est naze comme expression toute faite, vous méritez mieux : disons depuis deux ans. Il n'a pas changé dans mon addiction (comprendre : prendre son portable, l'allumer, aller sur Instagram mais-pourquoi-en-fait-j'ai-oublié-ce-que-je-voulais-faire-et-voir) mais dans les sentiments que cela provoquait en moi. Et non, tu ne vois pas de lien avec mes premiers paragraphes, et pourtant ! C'est justement voir les autres travailler si bien, travailler beaucoup, poster leurs créations, leurs réalisations, leurs articles alors que tu regardes ton Insta le cul dans un canapé qui éveille en moi du découragement, de la paresse, de l'auto-flagellation type je-suis-une-grosse-merde. J'ai passé des années à utiliser Instagram comme un outil de travail, à être inspirée, à adorer et à défendre ce réseau social égocentré. "Non mais tu comprends pas l'inspiration que ça m'apporte, c'est comme ça que je découvre des talents, des designers (pour rappel je suis journaliste déco) des idées, des envies de voyage, le monde est si beau putain je veux ce sac non je vais aller lire le post de Nicolas Mathieu pour me donner de la contenance puis reposter une photo pour aider les gens qui ont vécu un tremblement de terre." Il faut être sacrément costaud pour Instagram. Bien dans ses baskets. Profondément bienveillant. Faut croire que je ne le suis plus. Tu vas me dire, et j'ai un pote parfait qui me sort toujours ce genre de connerie : "Bah il suffit de travailler alors. Ferme ton téléphone, prends ton ordi et crée !" Ah ah ah j'y avais pas pensé. Sans parler des pubs. Des gens qui vendent quelque chose. Des gens qui vendent quelque chose sans te le dire. Des gens richissimes qui n'ont pas besoin de vendre quelque chose mais qui te vendent quand même quelque chose sans te le dire. Je suis énervée, non ? J'ai fait le test, j'ai muté tous ceux qui osaient me vendre quelque chose, un livre, un cours, une veste, n'importe quoi ! J'avais plus que 400 abonnements, j'imagine mes 400 amis fictifs + les magazines que je suis. Donc quand tu ouvres Insta, tu ouvres une petite boite avec écrit PUB et hop, tu t'y installes et tu regardes des publicités, au calme, avec le sourire. Après j'en entends s'offusquer que la pub arrive sur Netflix : laisse-moi-rire. 

J'ai toujours eu le FOMO (fear of missing out = la peur de rater quelque chose), c'est honteux je sais, mais j'ai tendance à la jouer honnête. Résultat, même quand on a rien à me vendre, j'ai quand même envie d'aller tester ce resto dans lequel je vois quelqu'un se délecter, cette expo que je n'ai pas encore faite - oh drame -, cet hôtel sublime que je dois enregistrer pour les prochaines vacances et ce livre fascinant que je mets sur ma liste "a lire", j'ai aussi une liste "a voir", "a découvrir", "a faire", je rigole mais l'idée est là. Je m'épuise. Je crois qu'il faut que j'éteigne Insta et que je lise. Ou que j'écrive ?



vendredi 24 mars 2023

il y a quelqu'un ?


 Quelle étrange sensation de taper dans ma barre de recherche "blogger" pour laisser apparaître l'interface du backoffice de "mon blog", laissé là dans les méandres d'Internet depuis 6 ans, sans que jamais je ne me résolve à le supprimer. Trop d'années, trop de billets (de blog), trop de pensées qui tricotent un historique dont j'ai parfois honte, certes, mais qui jouent les petites archives.

Alors voilà, j'ai envie d'écrire, donc j'écrirai. Quoi ? Rien. Rien de précis, rien de défini, rien d'imposé. 

mercredi 19 juillet 2017

Hello, vous



J'ai des frétillements dans les doigts rien qu'à rentrer dans cet antre digital abandonné. Me revoici ? je ne crois pas, je ne sais pas. Mais l'envie d'écrire était si forte, qu'il me fallait trouver une échappatoire. Mmmmh, comme c'est bon de se mettre à son clavier et de laisser les mots se former. C'est surtout l'envie de partager qui me démange. La plupart du temps. Voire tout le temps. Mais comme j'ai juré (à moi-même en grande partie) de revenir avec un projet qui tient la route, un projet intellectuel, un projet passionnant, je n'osais pas pousser la porte de ce qu'on appelle un backoffice (le site de là où je vous écris, qui met tout en place sur le blog que vous lisez actuellement). Et puis... Et puis, l'idée que les gens soient un peu partis d'ici m'a convaincu de revenir. J'aime bien les trous de mystère et les cachoteries. Ecrire sans penser à qui me lis, c'est plus léger.

En vrai, ma copine collègue et icône Eloïse m'a parlé de Mona Chollet. Le monde entier semble la connaître. Mais pas moi. Elle m'a parlé de son livre "Chez soi" qui est, je crois, ce qu'on aimerait écrire du design, de l'architecture, ce qu'on aimerait trouvé dans les revues qu'on feuillette. Mona Chollet en a fait un livre et c'est subjuguant. Si je vous écrivais le pitch, personne n'irait l'acheter. D'ailleurs Eloïse a bien tenté... Mais franchement, qu'est ce que c'était barbant. C'est quand elle a pris quelques exemples précis, qu'elle m'a formulé la tournure des chapitres que je me suis dit que je le lirai. Et je le fais, en ce moment. Le livre et l'auteure tiennent toutes leurs promesses. C'est un bonbon. Après Vernon Subutex tome 3, je pensais m'ennuyer avec n'importe quel ouvrage. Et voilà que je dévore une sorte d'essai sur une révolution domestique.

Les choses en entrainant d'autres, Eloïse (toujours cette vorace de culture et surtout du web) me dit avoir lu un texte sur le blog de Mona Chollet au sujet de Sophie Fontanel. Ce n'est un mystère pour personne, j'adore Sophie Fontanel. Ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Et le poste de blog parle du prochain bouquin de Sophie Fontanel sur le sujet du blanchissement des cheveux. Bref Mona Chollet en parle bien, valide Sophie et me donne envie d'en lire plus sur son blog. Voilà que je lis TOUT. Jusqu'à ça :

"Gilbert suggère, en cas de panne d’inspiration, de se fier à la curiosité, plutôt qu’à la passion. La curiosité, dit-elle, ne provoque pas dans votre vie des changements radicaux et spectaculaires comme le fait la passion. Elle vous pousse à vous demander simplement : « Y a-t-il quelque chose qui t’intéresse ? Quoi que ce soit ? Même un tout petit peu ? Même une chose banale, toute petite ? » Une fois que vous avez répondu, elle conseille de « suivre cet indice », de lui « faire confiance » : « Regardez où la curiosité vous mènera ensuite. Puis suivez le prochain indice, puis le prochain... »"

Ce qui nous ramène à moi (vous ne saviez pas qu'écrire un blog était un long processus narcissique ?). Et à mon manque de passion en ce moment. Mon manque de volonté aussi, heurté à des envies de grandeur. Alors qu'il suffirait de faire un peu, tester, voir, parcourir... Et j'y vois là comme un signe, de continuer et de persévérer, mais en douceur. Parce que c'est si bon, ça, là, d'écrire ici, que je ne peux me résoudre à lâcher.

mercredi 28 décembre 2016

Vera Rubin, mère de la matière noire, déboite


Il y a des nanas qu'on devrait étudier en classe puis porter en héros. Au lieu de ça, dans la conscience universelle occidentale, nos héros sont des mecs. Tous. Je lis le "Deuxième sexe" de Simone de Beauvoir et elle ne cesse de répéter (en 1949 donc) que jamais une femme n'a changé la face du monde. Dur à lire, facile à croire. Et si les hommes peuvent nous donner la même ambition pour "faire comme eux", le message d'une nana héroïne dit : "tu peux le faire puisqu'une femme l'a fait" mais surtout "tu peux le faire à ta manière". Alors, lorsque j'ai vu que Vera Rubin était morte le 25 décembre je me suis dit qu'il fallait que j'en parle. 

Evidemment, j'aimerais tout autant parler de Carrie Fisher, connue pour son rôle de la princesse Leia dans Star Wars car 1- elle fait partie de ces héroïnes de film qui m'ont laissé croire que je pouvais être une princesse / cowboy, avoir sale caractère et tuer des stormtrooper ou qui m'ont construit une vision où je pouvais être l'égale de l'homme. 2- car elle est bien plus que ça. Bien plus qu'une princesse qui a eut le courage, à 19 ans, de dire non à Brian de Palma pour le rôle qu'elle avait décroché chez George Lucas. Bien plus que son personnage de Leia. Carrie Fisher est une féministe. Mais je ne vous en parle pas car il vous suffit de lire les innombrables et bons articles que la presse a fait aujourd'hui sur elle. Si cela vous intéresse, allez lire la lettre de Carrie à son double Leia, hilarante, lucide et bouleversante. Fouillez pour trouver ses citations féministes et engagées, découvrez-la au-delà de Star Wars. Dénichez ses shootings où toute son intelligence et son aplomb transpercent la photographie. Cette femme était géniale.


Vera Rubin est morte à 88 ans, pour la plupart d'entre nous son nom reste inconnue alors qu'elle est la mère de la matière noire (elle a confirmé et prouvé les données de Fritz Zwicky). Une vie de scientifique à l'époque où les femmes ne pouvaient pas y prétendre. Pourtant, à lire les hommages, itw ou regarder les différentes vidéos, elle est si douce, ne se plaint de rien et prône même une vie professionnelle à mi-temps : elle rentrait chaque après-midi à 15h pour s'occuper de ses enfants. Wonderwoman née en 1928 que nos enfants devraient tous connaître voire étudier voire vénérer.


Lisez l'article de Libé sur Vera Rubin en tant que pionnière et femme dans le monde scientifique.


Nouveau tournant - respiration

Illustration d'Amélie Fontaine



Pas d'article depuis mi-novembre, non mais la déchéance. Je ne dis jamais aux gens que j'ai un blog, ce n'est pas de la pudeur ou de la fausse modestie, c'est parce que je ne veux être forcée de rien. Mais quand certaines de mes amis l'apprenaient, elles répondaient toujours de la même manière "wahou, j'ai déjà essayé mais je l'ai toujours abandonné au bout de trois mois". La seule difficulté d'un blog, c'est de le tenir. Ensuite les envies sont multiples, écrire m'est facile et j'ai un vrai amour pour partager les choses que je lis ou vois pour que d'autres que moi, peut-être, soit touché. Mais aujourd'hui et ce depuis quelques mois, je n'ai plus aucune constance. Ce qui fait que tenir un blog ne mène à rien. Ce serait comme un magazine qui sort hebdomadairement, puis, sans prévenir, devient mensuel, puis trimestriel. Bref. Sans constance, personne ne vous lit, le blog n'a plus d'intérêt.

Je me suis demandée pourquoi j'avais moins de constance. J'ai ce blog (sous ce nom ou un autre) depuis plus de 10ans... et il me semble logique que les choses évoluent avec moi comme elles l'ont toujours fait. Il n'y a qu'à revoir les anciens posts pour sourire, voire se prendre une franche poilade. Et évidemment, si ce blog continuait de me ressembler et de représenter ce que j'aime dans la vie, je n'avais plus envie d'en parler de la même manière. Peut-être également que mon métier de journaliste joue dessus. Ecrire pour parler d'un restaurant a perdu de son attrait. Ecrire comme sur un journal intime ne me plait plus. Vous faire partager mes goûts et mes passions, si.

Je ne suis pas impatiente, les chiffres qui dégringolent me parlent peu, ce blog c'est mon espace privé où je peux faire ce que je veux sans respecter ce qui se doit d'être fait ou écrit. Je peux y parler féministe, montrer un défilé et discuter musique; ça n'a aucune logique sinon mes goûts. Je laisse donc faire le temps qui m'amènera là où je dois être et où j'ai envie d'être. J'ai encore plein d'envies et je trouve ça dommage de perde 500 à 1000 personnes quotidiennes qui venaient lire mes conneries. Alors je laisse mon cerveau vaquer pour trouver ce dont j'ai envie de pleurer et revenir à de la constance. Pourquoi pas recentrer le propos. Pourquoi pas ne se figer que sur certaines choses. Pourquoi ne pas créer une sorte de revue de presse à ma sauce pour partager ce que j'ai lu ou aimer. Je ne sais pas, pourquoi pas. En tout cas, éteindre ce blog m'est encore impossible. Il faut croire que grandir demande quelques réflexions.